Au delà de la Rive

Au delà de la Rive

LA GUERRE D'ALGERIE

 

 

DOCUMENTAIRE

 

 

 

 

 

 

Premier film jamais réalisé sur ce conflit, ce grand document est la référence sur la guerre d'Algérie. Au-delà de la plus stricte vérité historique, les auteurs se sont attachés à comprendre les hommes.
Des témoignages et des archives, longtemps censurés, inoubliables.


En 1972, moins d'un an après la publication du dernier tome de sa monumentale Guerre d'Algérie, Yves Courrière réalise avec Philippe Monnier un documentaire éponyme. Réalisé avec des documents d'archives souvent méconnus (parfois critiquables) et des témoignages originaux, accompagné d'une bande son remarquable, ce film déroule les étapes de l'enchaînement cruel qui, au bout de huit années, conduisit à la fin de la présence française en Algérie et à la naissance d'une nouvelle nation que Ferhat Abbas lui-même ne parvenait pas à identifier. 

Ce documentaire ne saurait en aucune manière être considéré comme le pendant cinématographique de l'ouvrage d'Yves Courrière. Il s'agit d'une oeuvre différente, complémentaire, dans laquelle le bouillonnement d'informations de l'écrit s'éclipse pour laisser davantage de place aux sens. Le spectateur se laisse rapidement envahir par la mélopée funèbre lancinante qui constitue le véritable fil d'Ariane de ce document, des attentats de la Toussaint Rouge de novembre 1954 aux docks du port d'Alger en 1962. Au travers du regard d'Yves Courrière, qui n'est pas homme d'anathèmes et dont on ressent fortement l'attachement à la terre et aux hommes d'Algérie, on est violemment saisi par ce spectacle qui n'est finalement « que » l'histoire d'un épouvantable gâchis.

Il est très difficile de faire oeuvre d'historien avec des caméras, surtout quand on ne les tient pas. En revanche, quel extraordinaire instrument pour faire ressurgir avec acuité des ambiances disparues ou des moments au cours desquels l'émotion devient palpable. Les images superbes ou tragiques qui balisent ce document en sont la démonstration irréfutable. Tel paysage grandiose des Aurès, telle manifestation de fraternisation, telle exécution froide et soudaine, tel village désolé, redonnent à cette déchirure vieille de quarante années une réalité parfois étouffante. L'utilisation récurrente de photos d'enfants hâves, aux regards profonds et graves, pataugeant dans la boue des bidonvilles est toutefois maladroite dans son objectif de souligner l'émotion des images par le pathos des clichés.

Aborder l'histoire de la guerre d'Algérie par ce seul film est évidemment insuffisant, et tel n'en est pas l'objectif. L'association des ouvrages d'Yves Courrière et de cette Guerre d'Algérie en images, permet en revanche au spécialiste comme au profane de bénéficier de l'approche riche et rare d'un grand journaliste que les hommes intéressent plus que les idées et qui a su prouver son indépendance en comptant parmi ses amis ou ses références autant de responsables du FLN ou de l'ALN, que de partisans parfois jusqu'au-boutistes de l'Algérie Française.

 



27/01/2012
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