Au delà de la Rive

Au delà de la Rive

Les News de Bab El Oued

  

EXTRAIT DU JOURNAL "EL WATTAN"

Les Algérois renouent avec les balades nocturnes

Bab El Oued by night

L'Algérois est assurément casanier. Il ne sort que rarement de son chez soi. Les tourments de la décennie passée n'ont fait que le renforcer dans ce penchant. « Faire la gazouz » pour reprendre une phrase du patois bien senti des petits blancs de Bab El Oued, sur laquelle l'on a préféré jeter notre dévolu, le temps d'une escapade de nuit, n'est pas leur fort.



 

Toutefois, voilà que les Algérois retrouvent, l'espace d'une saison, les plaisirs insoupçonnés du farniente après que la capitale eut connu une léthargie certaine, pour les raisons que l'on sait. Il n'y a qu'à partir du côté du Kettani pour s'en convaincre. Le parcours itinérant du boulevard Icosium jusqu'au prolongement de la rue Meriem Abdelaziz qui donne sur le front de mer lequel domine, sur quelques mètres, la plage El Kettani (ex- Padovani) grouille d'une foule heureuse et agitée qui prend d'assaut, à toute heure de la journée et jusque tard dans la nuit, le moindre empan. Ils ne sont guère gênés par ceux qui préfèrent, suprême hérésie, laisser leur tacot sous leur fenêtre. Même les jeunes de notre Harlem national, Bab El Oued en l'occurrence, s'y sont mis en proposant aux chalands des gâteries en tout genre. « Un tabou est cassé. il y a, tout compte fait, un mieux. Jamais l'endroit n'a connu pareil affluence. ça circule partout. Cela doit, impérativement, s'inscrire dans la durée », nous dira, comme pour dissiper un malentendu, un vieux, qui ressassait le temps passé avec ses vieux copains du quartier. De plus, il ajoute, parlant du travail des policiers et de celui de la Protection civile :« Doit-on s'en réjouir, assurément, mais le problème de la sécurité demeure toujours pendant. Un seul poste ne suffit pas. Il faut en aménager un autre sur l'esplanade puisque les policiers se contentent de faire leur tournée juste sur la plage. » Piqué au vif, un autre renchérit : « D'accord pour dire que jusqu'à récemment les familles ne pouvaient pas sortir mais ne nous voilons pas la face le problème récurrent est celui de l'inexistence de boutiques et autres toilettes. » « Pas insolite de voir des énergumènes faire leurs besoins ''en l'air'' », tonna un vieux. « On y vient du Tout-Alger et même d'ailleurs pour une balade le long du boulevard et pour faire trempette », lâchera un jeune, la trentaine consommée, qui s'apprêtait, la dégaine alerte, à rallier la plage de Kettani. Aussi n'était-il pas étonnant de rencontrer des femmes emmitouflées dans leur haïk et trimballant un couffin. « Il fait bon vivre. On y va pour humer l'air frais du large et piquer une tête jusqu' à 1h ou 2h », dira ce monsieur accompagné de sa femme et de ses enfants en bas âge.

Snif et éclats de rire

La plage est devenue, à n'en point douter, la destination des familles des quartiers environnants et même des hauteurs d'Alger qui y affluent en grand nombre. Une police de proximité ainsi qu'une brigade de la Protection civile ont pris leurs quartiers sur la plage et veillent au grain. « Le poste de police a été installé le 5 juin dernier pour une période de 4 mois. Pas moins de 20 policiers sont sur le qui- vive. Pas étonnant alors de voir tout ce monde qui prend d'assaut les escarpements de la plage », nous informa un policier, un tantinet rigolo, son talkie-walkie en évidence. Plus loin, des jeunes campant en bas de l'esplanade de l'hôtel El Kettani sniffent, dans des éclats de rire, des poudres douteuses et boivent des breuvages qu'ils font accompagner de gestes saccadés. Cela en dit long sur leur désarroi. Les petites gens pressent le pas, indifférents à ces vies loqueteuses qui tranchent avec l'ambiance alentour. Sur l'esplanade de cette bizarrerie architectonique qu'est l'hôtel El Kettani qui dépasse, en somme, en hauteur et en horreur le reste du bâti environnant, se hâtent des familles qui se délectent, aussitôt assises à table, des délices que leur offre la structure. Cette dernière a la cote auprès des familles. « La prestation et l'accueil simple y sont pour beaucoup », dira un père flanqué de sa smala. « Les coupes de glace sont cédées à 80 da pour la petite, entre 120 da et 150 da pour la moyenne et 180 da pour la grande. On sert aussi à boire des boissons fraîches », lâchera, tout sourire, Mohamed, un chef de rang originaire de Tigzirt, tiré à quatre épingles. Selon lui, l'effectif est renforcé pour atteindre 5 éléments suivant l'affluence qui se fait plus nombreuse à partir de 21h. Au loin, nous apparaît la piscine muette et renfrognée sur elle-même contrairement à l'habitude qui s'est établie. En effet, le soir venu, à partir de 18h, sont organisées dans son enceinte des fêtes mondaines. Elle accueillerait, en outre, la journée durant, à en croire un plaisancier, jusqu'à 1000 baigneurs entre hommes, femmes et enfants, qui possède chacun son pré carré. La chose nous prend par surprise. Et pour cause. D'improbables pêcheurs à la ligne s'adonnent, dans la nuit noire, à leur sport favori. Ils sont clairsemés. « La prise du jour tient beaucoup plus à la houle. Reconnaissons qu'aujourd'hui ça se gâte », lâcha, à l'évidence tourmenté par notre intrusion, un habitué des lieux. Nous le quittons pour l'esplanade du millénaire qui est comme partagée et cloisonnée. Pour les bambins et leur « papa maman gâteau », la plus grande part. Un peu moins pour les plus âgés. Ces derniers, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, jouent aux boules. « Même quand il fait froid ces mordus de la boule ne délaissent pas leur habitude », dira un vieux venu tout spécialement de Hussein Dey pour voir des copains et se piquer de temps à autre au jeu. « C'est nous qui avons aménagé, à nos frais, ce lieu, en installant des projecteurs et des garde-fous pour éviter de blesser les pêcheurs. Depuis son inauguration par l'ancien gouverneur d'Alger, Cherif Rahmani, le coin est délaissé. Les choses ne cessent d'empirer chaque jour un peu plus. L'APC n'a pas mis le moindre sou pour nous aider », lança, visiblement exaspéré, Noureddine Lalilèche qui n'évoque pas sans déplaisir le temps passé. « La boule a valu des satisfactions à l'Algérie en 1964. Même notre président actuel a joué à la pétanque. Comme quoi ce sport est prisé par les grands de ce monde », ajouta un quadragénaire qui a... la boule. Il a, à l'entendre, participé à un championnat du monde. La place est, certes, médiocrement éclairée et mérite mieux que le sort qui lui est fait. L'expérience du Manège du bonheur qui a ouvert ces portes l'année passée semble, à tout point de vue, probante. « L'APC de Bab El Oued a apprécié notre travail. Après un premier contrat de 3 mois qui a expiré le 1er octobre 2004, elle nous a renouvelé pour une année », dira Dahmane Aït Zarrouk, un forain de profession, ancien émigré. « Les gens viennent de toutes les villes et les émigrés de passage font une halte chez nous, nos manèges sont les plus demandés sur la place d'Alger. » Les prix sont abordables pour les familles. 20 da pour les différents manèges au nombre de 6 et 30 da pour le circuit de voitures. Les handicapés ne sont pas oubliés puisqu'ils peuvent jouer gratuitement en se munissant d'un badge que leur donne « la maison ». Des boutiques pour barbe à papa et de pop-corn ainsi que des chaises sont installées sur le site qui ne ferme qu'à 1h, pour le plus grand bonheur des enfants et de leurs parents.

Services

Par I. Nadir

 

 

INFO : EL WATTAN

Forte perturbation routière à Bab El Oued

Le plan de circulation à hauteur du stade Ferhani est chamboulé. La raison ? Les travaux du dédoublement du collecteur oued M'kacel, dont les derniers 400 m seront effectués au vu du dénivelé à ciel ouvert, soit de l'hôpital Lamine Debaghine (ex-Maillot), jusqu'à la mer, sont à l'origine de ce changement.



 

Une déviation qui n'est pas sans perturber la circulation au niveau des rues Omar Benaïssa et Omar Lounès ; des voies qui seront à sens unique et ce, le temps que nécessite l'intervention du maître de l'œuvre, le groupement Bessac/ Hydro-Technique sur le dernier tronçon de l'ouvrage. Aussi, pour éviter l'engorgement le long des rues sus indiquées, les autorités locales ont installé des panneaux de signalisation routière interdisant aux usagers l'arrêt et le stationnement. Ce qui n'a pas été du goût des voituriers qui tiraient de substantiels dividendes de leur « tâche » informelle. Par ailleurs, pour une meilleure fluidité de la circulation, il est désormais permis aux automobilistes empruntant le front de mer ouest, via l'avenue commandant Abderrahmane Mira, de contourner le stade Ferhani. Pour rappel, le collecteur de oued M'kacel, long de 4706 m, permettra de drainer jusqu'à la mer plus de 50 m3 d'eau/seconde et de mettre à l'abri la zone concernée d'une furie des eaux, comme celle vécue par les habitants de Bab El Oued le 10 novembre 2001. Enfin, le coût de cet ouvrage, dont la réception est prévue au courant de l'année 2009, avoisine les 5,4 milliards de dinars, selon le responsable de la subdivision de l'hydraulique de Bab El Oued.



 

Par M. T.

El Wattan du 22 Aout 2006

Les Plages de Bab El Oued

Des plages inhospitalières

Sur les cinq circonscriptions de la wilaya d'Alger qui ont les pieds dans l'eau, les amoureux de la mer ont toute latitude de ne fréquenter que certains sites propres et aurtorisés à la baignade. De Reghaïa à Zeralda, seule la moitié des 86 plages est autorisée au public.



 

A l'image de la commune de Bab El Oued où les plages qui la longent se voient envahies par une kyrielle d'enfants qui ne peuvent résister à faire trempette. Si les deux plages El Kettani et R'mila sont réaménagées au grand bonheur des estivants, c'est grâce à la mise en place de la station de relevage située sur l'avenue commandant Abderrahmane Mira, qui refoule les eaux usées de la commune et de ses environs vers Qaâ essour, en attendant leur acheminement vers la Step (Station d'épuration des eaux usées) de Baraki. Les familles ne s'en privent pas, même le soir, de venir humer l'air marin sur la plage et le long de l'esplanade. En revanche, les plages qui serpentent la commune de Bologhine, comme Eden-plage, Laâyoun, Petit Bassin, l'Olivier, les Deux Chameaux, sont polluées. Même si l'administration communale n'a pas renouvelé l'interdiction de baignade pour cette année, de manière formelle, il n'en demeure pas moins que lesdites plages ne sont pas moins à risque. A l'approche de l'été, l'APC se contente de badigeonner quelques accès desservant certains sites. Une manière de faire dans l'aspect « clinquant neuf ». « On ne sait pas où aller ! », nous lance un sexagénaire flanqué d'une ribambelle d'enfants, empressés d'aller barboter dans les eaux fangeuses de la plage les Deux Chameaux. Une plage qui, désormais, n'offre plus cette eau claire dans laquelle les amoureux de la mer y prenaient plaisir par le passé. Elle est devenue un véritable cloaque au regard du grand débit de déversement des eaux usées du voisinage et du quartier Z'ghara, devenu un grand village. Le long du front de mer de cette bourgade côtière qui draine grand monde — invitant les quartiers populeux que sont Z'ghra, Bab El Oued, Oued Koriche et la Casbah à s'y prélasser —, nombre de panneaux indicateurs, datant de deux ou trois années, interdisent formellement la baignade. « Certes, les plages sont polluées mais nous ne pouvons empêcher nos gamins d'aller décompresser », nous dit un habitué des lieux. « Chaque année, c'est la même rengaine », renchérit un autre s'affairant à fixer l'appât à l'hameçon de sa canne à pêche, avant d'ajouter sur un air dépité : « Si les édiles, qui se sont succédé depuis l'Indépendance, avaient au moins songé à réaliser quelques piscines le long de nos côtes, le problème d'interdiction des plages dû à la pollution, qui n'a pas cessé de croître, ne se serait pas posé avec autant d'angoisse. » Dans la foulée, il n'est pas inutile de rappeler que la wilaya d'Alger compte à l'heure actuelle une seule Step opérationnelle, celle de Reghaïa, en l'occurrence. La Step qui se trouve sur le versant Beni Messous est en cours de réalisation, alors que celle de Baraki fait l'objet d'une remise à neuf. Quatre autres stations de relevage sont inscrites au programme du département de l'hydraulique pour assainir les plages allant de Cap Caxine à Bab El Oued, mais le projet fait du surplace. « N'est-ce pas qu'on aurait pu éviter un problème récurrent sur l'ensemble de nos plages, si ce type d'infrastructures avait été réalisé ? », s'interroge un vieil homme, natif de Raïs Hamidou, bourg côtier où le décor est enlaidi par les décombres des demeures démolies.



 

Par M. Tchoubane

 
 EL WATTAN   EDITION DU 10 NOVEMBRE 2008 

LE CHU DE BAB EL OUED   (HOPITAL MAILLOT)

Des structures sanitaires obsolètes

Hôpitaux malades de leurs urgences

Vingt et une heures, centre hospitalo-universitaire de Bab El Oued, un carrousel de véhicules particuliers, de taxis et d’ambulances que des agents de sécurité dépassés tentent vainement de canaliser. Feux de détresse allumés, coups d’accélérateur parfois même de klaxon, alors qu’on est aux abords d’une structure hospitalière, chaque voiture se presse de déposer le malade « à bon port ».



 

Pas question de se rendre à un service précis après 17 h, même si l’on vient d’une structure de santé qui vous oriente vers le CHU Lamine Debaghine, le centre de tri des urgences est un passage obligé. Centre de tri, une appellation qui n’est pas sans rappeler le courrier de la poste, malmené, trituré, « trimballé » dans des bacs, etc. Il est vrai qu’il ne s’agit dans ce cas que de lettres et de colis, mais c’est autre chose quand on a affaire à des malades, souvent mal en point, en « crise », inconscients, accidentés, parfois en situation critique. L’urgence prend alors son sens dramatique, une course contre la montre dans ces cas-là. Situations qui ont, plus d’une fois, inspiré des scénaristes de feuilletons télé. Passage obligé certes mais étroit également, en ce qui concerne l’hôpital en question : les véhicules, les uns derrière les autres, sont obligés, une fois le patient déposé devant l’entrée du pavillon des urgences, de faire marche arrière pour quitter l’hôpital ou garer au parking qui se trouve à 200 m. On imagine facilement le désordre et le tintamarre créés par le manque d’imagination des concepteurs qui ont choisi l’emplacement d’un « centre de tri » d’où il n’est pas facile de sortir. Il est vrai que toute la structure — bâtiments et services annexes — remonte à la période d’avant l’indépendance et initialement conçue comme hôpital militaire, ne répond plus désormais aux normes d’un CHU pour une population de plusieurs dizaines de milliers d’habitants répartie sur toute la région est de l’Algérois... Mais cela n’empêche pas du tout de concevoir un plan de circulation un tant soit peu rationnel qui tienne compte des contraintes, du temps à évacuer les malades après leur passage par le « centre de tri », en vue de leur évacuation vers des services spécialisés ou carrément vers un autre hôpital ou établissement hospitalier. Le calvaire des malades est loin de se terminer. Le parcours encore plus pénible que celui du combattant ne fait que commencer. Ceux qui ont du mal à marcher ne peuvent espérer trouver un fauteuil roulant qui puisse rendre leur attente moins pénible avant d’être examinés par un médecin ou un spécialiste...

A l’intérieur du pavillon, c’est la cohue. Malades et accompagnateurs se pressent devant un guichet où un agent toujours d’aussi « bonne humeur », surtout la nuit, leur délivre un ticket (qui servira sans doute à tenir les statistiques de fin de mois), véritable sésame qui ouvre droit à une consultation. Une fois passée la porte de ce que l’on suppose être des salles d’attente, le spectacle est tout simplement ahurissant ! Un vaste hall éclairé de néons, mal entretenu, quelques chaises. Dans un coin, des pansements plâtrés entassés sur une table, attendent les premiers « fracturés » de la nuit. Des dizaines de personnes malades ou valides déambulent désorientées. Les unes, le visage tordu par la douleur retenue non sans peine ou à moitié inconscientes, soutenues par des proches, les autres allongées inconscientes sur les quelques civières chariots disponibles attendent le médecin. Comme des âmes en peine, les plus valides se traînent difficilement une perfusion qui pendouille au bras, un sachet de sérum dans la main, vers une hypothétique consultation. A ces malades, se mêle toute une faune d’individus de chauffeurs de taxi, de taxis clandestins, brancardiers, infirmiers en vadrouille, de badauds curieux, sans doute, de la misère de ceux qui souffrent. Des gens qui n’ont a priori rien à faire dans un service des urgences et dont on se demande à quoi ils servent dans des moments aussi difficiles, surtout la nuit. Et pour compléter ce tableau « fellinien », des gémissements de douleur, des engueulades, des cris de protestation attestent du climat de désorganisation qui règne dans ces lieux.

Examen derrière des paravents

Alors que l’on s’attend à trouver des cabinets de consultation, désagréable surprise : les examens se font derrière de simples paravents. Question intimité, on est plutôt mal à l’aise. Ici, un papa essaie de réconforter sa petite fille en proie à une crise d’asthme en pleurs, un peu plus loin un sexagénaire se plaint d’un malaise cardiaque. Tout au bout, un accompagnateur révolté de voir sa parente âgée inconsciente, sans que personne vienne la voir, saisi au passage la première blouse blanche qu’il voit et exige de parler à un responsable, le directeur de l’hôpital, tout de suite. Des regards compatissants et étonnés, c’est tout ce dont a eu droit ce monsieur en costume cravate. Peine perdue. La consultation se fait au pied levé, au regard du nombre considérable de patients, par des médecins qui ont le mérite de s’acquitter de leur tâche dans des conditions aussi difficiles. Chapeau bas les toubibs, serait-on tenter de leur dire et bon courage pour votre combat pour une amélioration de vos salaires ! Dans la salle commune, un ballet de médecins et d’infirmiers se poursuit alors que les malades ne cessent d’affluer de partout. Difficile de travailler dans de telles conditions, d’ausculter, d’examiner des radios, de prescrire un traitement... Un médecin s’emporte : « S’il vous plaît que ceux qui ne sont pas malades évacuent les lieux. » Quelques-uns font semblant de sortir dans les couloirs en maugréant comme si on les avaient privés d’un « spectacle gratuit ». « Il faut faire une radio ! » Pas de chance, celle du service est aujourd’hui en panne, il faut alors aller à Mustapha ou à Baïnem. Une habitude pour bon nombre de nos structures de santé. Pour le malade, ce n’est pas encore fini. Il faut prendre encore une fois le véhicule, un taxi et entamer la tournée des hôpitaux, en souhaitant qu’elle soit la plus brève possible.

A Mustapha, c’est le même « topo » ou presque. Lieux blafards, gris et tristounets, chaises « bancales » et mobilier d’un autre âge. Décor austère compréhensible certainement à Kaboul ravagée par la guerre civile ou dans un hôpital de brousse en Afrique, mais pas dans une structure sanitaire de la capitale d’un Etat pétrolier. Ici, on ne trouve pas de paravents derrière lesquels sont examinés les malades, mais de véritables box ; la radiographie fonctionne : un miracle. On ne peut demander plus. Le scanner, c’est autre chose. D’ailleurs, on vous conseillera de le faire chez un « privé », on vous indiquera les adresses. Par contre, on retrouve la même « faune » de gens qui « croise dans les parages » des urgences. Bonshommes désintéressés, curieux, accompagnateurs, voisins côtoient infirmiers et secouristes, gênés par la présence indésirable de ces intrus au moment de la consultation. Mais que faire, nous répond-on ? « C’est pas notre boulot », répondent médecins et infirmiers, c’est celui des gestionnaires. Les malades crient au scandale : « Avec tout l’argent qui dort dans les caisses, l’Etat n’est pas fichu de construire des hôpitaux modernes spécialisés », plutôt que de retaper à grand des structures hospitalières dépassées et inadaptées aux besoins croissants d’une population qui ne cesse d’augmenter. Une carte sanitaire bien repensée, pourquoi pas ? Si les compétences locales n’existent pas, on pourrait lancer un appel d’offres international, à l’instar de ce qui a été fait pour la grande mosquée d’Alger. Pourquoi la capitale n’aurait-elle pas droit au plus grand hôpital spécialisé dans le traitement de pointe des maladies les plus fréquentes des Algériens ? Un centre de recherche hospitalo-universitaire pour les pathologies lourdes, etc. Alger ne peut-elle prétendre qu’à l’édification de la « troisième grande mosquée du monde musulman », et non pas à celle du premier hôpital d’Afrique ou du Tiers-Monde que l’on pourrait baptiser pour l’éternité, comme c’est le cas dans d’autres pays où des structures grandioses ont été édifiées à la mémoire de leurs dirigeants et au profit de leurs populations respectives. On se surprend ainsi à rêver d’une meilleure prise en charge de la population, qui faute d’infrastrucures appropriées de proximité n’a d’autre choix que de se replier sur des hôpitaux dépassés, d’un autre âge où l’eau courante est tout simplement un luxe. Un ministre de la Santé a décrété une fois que les malades ne seraient pas obligés de ramener leurs draps à l’hôpital ni de se faire servir leur nourriture de l’extérieur. De bonnes résolutions sans doute, mais qui n’auront pas l’effet escompté tant que l’eau ne coulera pas des robinets des hôpitaux, tant que les parturientes s’entassent à deux par lit pour accoucher, etc. L’énumération des maladies de nos hôpitaux serait ici trop longue, d’autant que les symptômes sont archiconnus, répertoriés, classés dans des rapports remisés dans de poussiéreux dossiers. Ce qui manque, c’est la volonté des décideurs à prendre enfin au sérieux ce problème de santé publique, la médecine privée pour être efficiente a besoin de centres hôpitalo-universitaires modernes, parfaitement équipés.



 

Par Reda Bekkat

 



04/06/2008
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