BERBÈRES - IMAZIGHEN
BERBÈRES - IMAZIGHEN
La langue Berbère et son histoire
Passé Présent et Avenir
HISTOIRE
A l'origine de l'écriture libyque...
Les Berbères ont possédé un système d'écriture millénaire et tous les indices laissent penser qu'il s'agit d'un système autochtone. Tamazight que ses adversaires veulent limiter aujourd'hui à la seule fonction de langue orale, régionalement enclavée a possédé un système d'écriture, considéré par les spécialistes comme l'un des plus anciens du bassin méditerranéen. Ce système se perpétue de nos jours au Sahara et une version modernisée est employée en Kabylie sur les enseignes et les panneaux de signalisation. Une utilisation plus large pourrait lui redonner une seconde vie. A côté de ce système millénaire, les Berbères utilisent aussi d'autres caractères pour transcrire leur langue : le système arabe a été surtout employé au Moyen âge et s'il l'est aujourd'hui encore, dans une certaine mesure, par certains groupes berbérophones, avec le latin, introduit au dix-neuvième siècle et qui a aujourd'hui la faveur de la plupart des chercheurs.
En Algérie, on a assisté, dans les années quatre-vingt à une "guerre de l'écriture" , où des tendances ont tenté, chacune avec ses arguments, d'imposer un caractère en dehors de l'autre. Cette guerre s'est quelque peu calmée aujourd'hui mais elle risque de ressurgir au cas ou le projet d'officialisation de la langue amazighe viendrait à se concrétiser. Nous tenterons, dans cet article et les suivants, de présenter avec le plus d'objectivité possible la situation au lecteur. Auparavant, nous tenterons de retracer l'histoire de l'écriture et des systèmes de transcription de tamazight.
Le libyque, un système d'écriture millénaire
Rappelons que le terme, libyque", qui désigne tantôt le système d'écriture berbère, tantôt la langue elle même dans l'antiquité, dérive de Lebou, nom que les anciens Égyptiens donnaient aux Berbères. A partir de ce mot a été formé également le mot Libye, pour désigner d'abord la partie orientale du Maghreb, puis le Maghreb tout entier, avant de désigner, à l'époque moderne, la Libye actuelle. Si l'on croit la plus ancienne inscription li bique jusqu'ici retrouvée, l'inscription de l'Azib n'Ikkis, dans le Moyen Attas marocain, l'alphabet libyque remonterait au 6éme ou au 7éme siècle avant J.C. ll faut donc supposer un développement de plusieurs siècles, ce qui ferait du libyque un contemporain des alphabets méditerranéens anciens, notamment le phénicien. C'est cet alphabet archaïque qui se perpétue aujourd'hui dans les tifinagh touaregs et qui a été repris, sous une forme nouvelle, dans les régions du nord, notamment la Kabylie. Même si les inscriptions libyques sont plus nombreuses dans certaines zones que dans d'autres, elles sont attestées ainsi que le montrent les découvertes effectives depuis plus d'un siècle dans toutes les régions du Maghreb et du Sahara et on les retrouve jusqu'aux îles Canaries. C'est dire que c'est une écriture nationale dont les variantes ne remettent pas en cause l'unité de base.
L'alphabet libyque et ses variantes
On a pris l'habitude de distinguer trois types d'alphabets libyques :
L'alphabet oriental, utilisé dans les inscriptions de la région de Thugga, l'actuelle Dougga, en Tunisie, et l'est de l'Algérie. C'est l'alphabet le mieux connu et surtout le plus étudié -L'alphabet occidental, figurant sur les inscriptions de Kabylie, de l'ouest constantinois et du Maroc
Les écritures sahariennes anciennes, contemporaines du libyque mais dont l'usage s'est perpétué jusqu'au l8e siècle au moins (c'est la date des plus récentes d'entre elles).
Datation
La datation du libyque a été revue ces dernières années : de la chronologie jusque là admise - 3ème / 2ème siècles avant J.C on est remonté au 6ème siècle avant J.C. En 1966 déjà, l'Américain E. L SMITH datait l'apparition du libyque de la fin de la période cabaline, expression par laquelle on désigne le groupe des œuvres rupestres du Sahara où le cheval apparaît à l'état domestique, ce qui correspond aux derniers siècles avant l'ère chrétienne. ll n'est pas exclu que l'affinement des méthodes de datation et de nouvelles découvertes repoussent encore plus loin ces estimations.
Les origines
Une autre remise en cause concerne l'origine de l'écriture libyque. Selon une hypothèse, à la fois ancienne et répandue, l'alphabet libyque dériverait de l'alphabet phénicien. Cette hypothèse repose essentiellement sur trois arguments :
Le caractère exclusivement consonantique de l'alphabet berbère, ce qui le classe parmi
Les alphabets sémitiques,
Le nom de tifinagh que les Touaregs utilisent pour désigner leur écriture et dans lequel on a vu la racine FNgh / FNQ, de laquelle dérive le nom donné aux Phéniciens dans les langues sémitiques (par exemple l'arabe finiqî.)
Le fait qu'il n'existe pas pour le libyque d'écriture pré-alphabétique qui indiquerait qu'on est en présence d'un système autochtone.
Concernant la notion d'écriture consonantique, les spécialistes pensent qu'il n'existe pas d'alphabet consonantique, même pour ce qui est des alphabets sémitiques puisqu'on ne peut lire une suite de consonnes sans intercaler de voyelles entre elles. Il est plus juste de parIer d'écritures syllabiques, c'est à dire de systèmes dont les caractères s'accompagnent obligatoirement de voyelles à la lecture. D'ailleurs, une écriture entièrement consonantique ne convient pas au berbère où les voyelles sont d'une fréquence élevée et permettent au mot, à base consonantique de s'intégrer dans une catégorie grammaticale. De plus le libyque, contrairement à ce que l'on croit a pu représenter des voyelles. Ainsi, on soupçonne les trois traits verticaux d'avoir noté la voyelle a et les signes qu'on identifie comme des semi-consonnes (y et w) on pu noter les voyelles i et u. Le rattachement du mot tifinagh au mot finiqî "Phénicien" est des plus contestables. En effet, le mot finiqî n'est pas sémitique mais... grec, et provient de phoenici, qui signifie "homme rouge", par référence à la couleur pourpre que fabriquaient les Phéniciens, il n'a donc pu être reçu des Phéniciens qui devaient disposer d'un terme propre pour se désigner. C'est ainsi qu'on peut voir dans Phoenici la traduction de Himyar, mot issu d'une racine sémitique signifiant également " rouge " dans les langues sémitiques. Ces Himyar sont peut-être les mêmes que ceux de l'Arabie du sud qui fondèrent dans la haute antiquité un royaume puissant et allèrent s'installer au 2ème millénaire avant J.C sur les côtes du Liban. Le mot tifinagh ne peut donc s'expliquer par le phénicien. En revanche, une étymologie par le berbère est tout à fait possible. On pense principalement à un mot attesté en touareg nigérien, asefinagh " explicitation, élucidation", mot dérivant du verbe ssejenagh "expliciter rendre clair ce qui est obscur". La notion d' " explicitation " est ici liée à la légende d'un héros civilisateur qui, tout en révélant l'écriture aux hommes, réserva la signification cachée des lettres aux seuls initiés. Enfin, l'affirmation selon laquelle le libyque n'a pas de système pré-alphabélique qui aurait servi de base à une évolution vers l'alphabet, est loin de faire l'unanimité et des recherches sont en cours pour retrouver dans les peintures rupestres du Maghreb et du Sahara les avants courriers de l'écriture libyque. Mais on sait déjà que l'art berbère utilise depuis longtemps un répertoire de symboles qui rappellent fortement les caractères libyques. "Les signes même qui composent l'alphabet libyque entrent dans un fonds de motifs décoratifs propres à l 'art berbère qu'on retrouve dans les poteries et les tatouages. Les croix, les points, les assemblages de traits et de cercles qui sont à l'origine de l'écriture libyque, ont été signalés sur les gravures rupestres" (G. CAMPS, 1960). Certains auteurs, comme J.B Chabot et L. Galand se demandent même si certains signes figurant sur les stèles libyques n'ont pas une valeur ornementale. Il y a donc de fortes chances pour que le berbère ait possédé une écriture pré-alphabétique.
Le libyque,
l'écriture berbère ancienne, disparue dans les régions du nord du Maghreb, a survécu au Sahara, dans les tifinagh. D'abord confinés au domaine touareg, les tifinagh, les tifinaghs, connaissent un renouveau, en servant de base à de nouveaux systèmes de transcription, Au Moyen âge, des Berbères ont utilisé l'écriture arabe pour noter leur langue. Il est étonnant que le libyque n'ait survécu qu'au Sahara, chez les Touaregs : partout au Maghreb, il a disparu, et, apparemment avant l'arrivée des Arabes. Faut-il supposer que ce système, fortement concurrencé par les alphabets étrangers, d'abord le punique puis le latin, a cédé progressivement du terrain, jusqu'à disparaître, avec l'arrivée des Musulmans, porteur d'une autre écriture, de surcroît sacralisée, par la religion ? Tout ce que l'on peut affirmer avec certitude, c'est que le champ d'utilisation de cette écriture , était plutôt restreint : en tout cas, les vestiges qui nous en sont parvenus, sont, dans la quasi-totalité des cas, des épitaphes et de courts messages. C'est dans une autre langue, le latin, que les grands écrivains berbères de l'antiquité, comme Apulée ou Arnobe, qui étaient pourtant fiers de leurs origines et se sont opposés à la présence romaine, ont rédigé leurs œuvres. Les Berbères musulmans, juristes, théologiens, poètes, feront de même, en rédigeant leurs œuvres en arabe. Finalement, les seuls à produire, ou plutôt à nous léguer des bribes de textes en arabe, seront les Ibadites schismatiques, pour lesquels l'usage du berbère était, en plus de leur religion, un moyen d'exprimer leur particularisme, dans l'ensemble musulman orthodoxe.
Les tifinaghs
Il n' y a pas de doute que les tifinagh sont les héritiers du libyque : même s'il n'y a pas une identité parfaite entre les caractères des deux systèmes, ils présentent beaucoup de caractéristiques communes. Les caractères tifinaghs s'écrivent de droite à gauche, mais on peut aussi les écrire de gauche à droite, de bas en haut et, comme en libyque, on peut commencer à écrire dans le coin droit de la feuille, puis monter jusqu'au bord supérieur, on tourne ensuite la forte, puis on remonte jusqu'au bord supérieur et ainsi de suite, jusqu'à épuisement de l'espace. Ce procédé, appelé boustrophédon se rencontrait dans beaucoup de systèmes d'écriture anciens. Comme le libyque aussi, les tifinaghs notent principalement les consonnes. Cependant, on note la présence d'un signe notant la voyelle a, le point, appelé tegherit. Les autres voyelles finales, i / e et u / o, sont notées par les signes qui notent y et w. Quelques dialectes méridionaux utilisent la tegherit pour noter toutes les voyelles. Notons aussi que les tribus maraboutiques de Tombouctou, au Mali, ont introduit, ces dernières décennies, les signes de vocalisation arabes : fatha pour le a et le â, kasra pour le i et le e, dhamma pour u et o. On relève aussi la chadda pour noter le redoublement et le sukun pour l'absence de voyelle. Comme le libyque, les tifinaghs sont principalement utilisées pour noter des messages courts, des poèmes, des inscriptions diverses, que l'on grave sur des pierres, les armes ou les bijoux. On ne relève aucune œuvre littéraire d'importance, qui aurait permis de fixer l'écriture, donc de dégager une norme, réduisant ainsi le foisonnement qui existe dans ce domaine. Aujourd'hui encore, on note, chez les Touaregs d'importantes variations, ce qui fait de l'écriture un système instable. En dépit de cela, I'usage des tifinaghs est très répandu, aussi bien parmi les hommes que les femmes. Ce sont d'ailleurs les femmes, gardiennes de la tradition et de l'identité, qui le transmettent aux enfants.
Les néo-tifinaghs
Depuis quelques décennies, grâce aux efforts de militants d'origine kabyles, les tifinaghs connaissent un renouveau, en servant de base à de nouveaux systèmes de transcription, d'abord du kabyle, en Algérie, et, plus récemment, de quelques grands dialectes au Maroc, où ce système a été officiellement choisi, dans le système d'enseignement. Ces néo-tifinaghs proviennent des caractères de l'Ahaggar auxquels on a ajouté des signes pour noter les phonèmes du berbère nord qui n'existent pas en touareg, c'est le cas de h', de 'â, ou des fricatives, ts ou dj. Ces signes supplémentaires sont en général puisés dans les variantes du tifinagh ou même dans les signes libyques. Depuis quelques années aussi, on dispose de polices amazighes, ce qui permet de passer, sans difficulté du latin au tifinagh et inversement. (tableau)
L'utilisation des caractère arabes
Tout au long des siècles et jusqu'à nos jours, des groupes berbères ont utilisé l'alphabet arabe pour transcrire leur langue : groupes schismatiques du Moyen âge, comme les Ibadhittes ou les fameux Berghawata, qui ont fondé un royaume hérétique sur la côte occidentale du Maroc et élaboré une religion propre avec un Coran écrit en berbère et, aujourd'hui, les Chleuhs les Mozabites les Chaouis et d'autres groupes berbérophones.. Mais nulle par, le berbère n'a accédé au rang de langue écrite, reconnue par l'autorité politique : à l'inverse de langues comme le persan ou le turc transcrits en caractères arabes, il a toujours été écarté de l'Administration et de l'enseignement. Les textes écrits en berbère qui nous sont parvenus sont en nombre réduit, mais il faut supposer qu'il étaient plus nombreux. Les Ibadhites avaient l'habitude, après avoir écrit un livre en berbère, de le traduire en arabe pour les arabophones : dans la plupart des cas, les originaux berbères ont disparu alors que les traductions sont restées. Encore heureux que des morceaux de texte berbères soient cités, à titre d'illustration, dans les textes arabes. Parmi les ouvrages que l'on cite en berbère, citons la célèbre profession de foi ibadhite, al'Aqida, qui a été rédigée à une époque ancienne en berbère avant d'être traduite, à la fin du 14e siècle de l'ère chrétienne, par Abû Hafs 'Umâr ben Djami'e. On peut citer aussi l'œuvre d'Abû Salil al Farisi qui a composé en berbère et en vers une histoire des Ibadhites en douze volumes. Le livre a disparu, brûlé au cours de l'incendie de La Qal'a des Banu Dardjen en 1048. On a recueilli une partie des poésies auprès des gens qui les avaient apprises et ont les a consignées dans un volume. Mais celui-ci -s'est perdu à son leur et on peut considérer l'œuvre d'Abû Salil comme définitivement perdue. On sait aussi que des auteurs Ibadhites ont traduit en berbère des ouvrages de leur doctrine écrits en Orient. Le plus connu de ces livres est la Mudawwana d'Ibn Ghanem, recueil de textes sur la prière, le jeûne,l'aumone légale et diverses questions touchant à la famille et à la société. Tous ces textes -en fait, des bribes de texte, nous permettent de nous faire une idée du berbère au Moyen âge et de collecter des données linguistiques importantes. Pour transcrire le berbère en caractères arabes, les Anciens ont dû procéder à des adaptations. Ainsi : le j du berbère est transcrit dj le z' de iz'i ''vésicule" est transcrit ç (çad de l'arabe) etc... Il n'y a pas de doute que ces adaptations devaient poser des difficultés, voire provoquer des confusions. C'est pourquoi, par exemple, les copistes chleuhs devaient introduire des signes diacritiques pour faire des distinctions : ainsi le z' est transcrit au moyen du çad, auquel on ajoute trois points souscrits. La transcription des voyelles était meilleure et elle a été reprise de nos jours par ceux qui transcrivent le berbère en caractères arabes : les Berbères ont eu l'idée d'employer les consonnes utilisées habituellement à noter les voyelles longues de l'arabe (y, w et â) pour noter les voyelles brèves du berbère (u, i et a)' l'opposition voyelles longues / voyelles brèves n'étant pas, hors du touareg, pertinente en berbère.
M.A Haddadou - La Dépêche de Kabylie du 30 septembre 2005
HISTOIRE DES BERBERES D'APRÈS IBN KHALDOUN
Histoire des Berberes (Tome 1 Pages 199 et suivantes) Ibn Khaldoun
"Citons ensuite les vertus qui font honneur à l'homme et qui étaient devenues pour les Berbères une seconde nature ; leur empressement à s'acquérir des qualités louables, la noblesse d'âme qui les porta au premier rang parmi les nations, les actions par lesquelles ils méritèrent les louanges de l'univers, bravoure et promptitude à défendre leurs hôtes et clients, fidélité aux promesses, aux engagements et aux trairés, patience dans l'adversité, fermeté dans les grandes afflictions, douceur de caractère, indulgence pour les défauts d'autrui, éloignement pour la vengeance, bonté pour les malheureux, respect pour les vieillards et les hommes dévots, empressement à soulager les infortunés ; industrie, hospitalité, charité, magnanimité, haine de l'oppression , valeur déployée contre les empires qui les menaçaient, victoires remportées sur les princes de la terre,dévouement à la cause de Dieu et de la religion ; voilà, pour les Berbères ; une foule de titres à une haute illustration, titres hérités de leurs pères et dont l'exposition ; mise par écrit, aurait pu servir d'exemple aux nations à venir, Que l'on se rappelle seulement les belles qualités qui les portèrent au faîte de la gloire et les élevèrent jusqu'aux hauteurs de la domination, de sorte que le pays entier leur fut soumis et que leurs ordres rencontrèrent partout une prompte Obéissance.
Parmi les plus illustres Berbères de la première race, citons d'abord Bologguin-Ibn-Ziri le Sanhadjien qui gouverna l'Ifrikïa au nom des Ftémides : nommons ensuite Mohamed-Ibn-Khazer et son fils EI- Kheir, Youçof-Ibn Tachefin, rot des Lemtouna du Maghreb, et Abd el Moumen Ibn Ali, grand cheikh des Almohades et disciple de L'imam ÉI-Mehdi. Parmi les Berbères de la seconde race on voit figurer plusieurs chefs éminents qui, emportés par une noble ambition, réussirent à fonder des empires et à conquérir le Maghreb central et le Maghreb-el-Acsa. D'abord Yacoub lbn-Abd EI-HACK, sultan des Beni-Merin ; puis, Yaghmoracen-Ibn-Zîan, sultan des Béni Abd-el-Ouad ; ensuite, Mohammed-Ibn.Abd-el-Caouï-Ibn-Ouzmar , chef des Béni-Toudjîn. Ajoutons à cette liste le nom deThabet-Ibn-Mendïl, émir des Maghraoua, établis sur le Chélif, et celui d'Ouzmar-Ibn-Ibrahim, chef des Beni-Rached ; tous princes contemporains, tous ayant travaillé, selon leurs moyens pour la prospérité de leur peuple et pour leur propre gloire. Parmi les chefs berbères voilà qui possédèrent au plus haut degré les brillantes qualités que nous avons énumérées, et qui, tant avant qu'après l'établissement de Ieur domination, jouirent d'une réputation étendue, réputation qui a été transmise à la postérité par les meilleures autorités d'entre les Berbères et les autres nations, de sorte que le récit de leurs exploits porte tous les caractères d'une autheticité parfaite.
Quant au Zèle qu' ils déployèrent à faire respecter le présriptions de l'islamisme, à se guider par les maxims de la loi et à soutenir la religion de Dieu ; on rapporte, à ce sujet, des faits qui démontrent la sincérité de leur foi, leur orthodoxie et leur ferme attachement aux croyances par lequelles ils s'étaient assurés la puissance et l'empire.
Ils choisissaient d'habiles précepteurs pour enseigner à leurs enfants le livre de Dieu, ils consultaient les casuistes pour mieux connaître les devoirs de l'homme envers son céateur .
Ils cherchaient des Imams pour leur confier le soin de célébrer la prière chez les nomades et d'enseigner le Coran aux tribus ; ils établissaient dans leurs résidences de savants jurisconsultes, chargés de remplir les fonctions de cadi ; ils favorisaient les gens de piété et de vertu, dans l'espoir de s'attirer la bénédiction divine en suivant leur exemple ; ilS demandaient aux saints personnages le secours de leurs prières ; Ils affrontaient les périls de la mer pour acquérir jes mérites de la guerre sainte ; ils risquaient leur vie dans le service de Dieu, et ils combattaient avec ardeur contre ses ennemis. Au nombre de ces princes on remarque au premier rang Youçof-Ibn-Tachfin et Abdelmoumen-Ibn-Ali ; puis viennent leurs descendant et ensuite Yacoub-Ibn-Abd-el-Hack et ses enfants. Les traces qu'ils on laissées de leur administration attestent le soin qu'ils avaient mis à fair fleurir les sciences, à maintenir la guerre sainte, à fonder des écoles, à élever des Zàouïa et des Ribat, à fortifier les frontières de l'empire, à risquer leur vie pour soutenir la cause de Dieu, à dépenser leurs trésors dans les voies de la charité, à s'entretenir avec les savants, à leur assigner la place d'honneur aux jours d'audience publique, à les consulter sur les obligations de la religion, à suivre leurs conseils dans les événements politiques et dans les affaires de la justice, à étudier l'histoire des prophètes et des saints, à faire lire ces ouvrages devant eux dans leurs salons de réception, dans leurs salles d'audience et dans leurs palais, à consacrer des séances spéciales au devoir d'entendre les plaintes des opprimés, à protéger leurs sujets contre la tyrannie des agents du gouvernement, à punir les oppresseurs, à établir au siège du khalifat et du royaume, dans l'enceinte même de leurs demeures, des oratoires où l'on faisait sans cesse des invocations et des prières, et où des lecteurs stipendiés récitaient une certaine portion du Coran tous les jours, matin et soir. Ajoutons à cela qu'ils avaient couvert les frontières musulmanes de forteresses et de garnisons, et qu'ils avaient dépensé des sommes énormes pour le bien public, ainsi qu'il est facile de le reconnaitre à l'aspect des monuments qu'ils nous ont laissés. Faut-il parler des hommes extraordinaires, des personnages accomplis qui ont paru chez le peuple berbère ? alors, on peut citer des saints traditionnistes à l'à.me pure et à l'esprit cultivé ; des hommes qui connaissaient par coeur les doctrines que les Tabês et les Imams suivants lavaient transmises à leurs disciples ; des devins formés par la nature pour la découverte des secrets les plus cachés. On a vu chez les Berbères des choes tellement hors du commun, des faits tellement admirables, qu'il est impossible de méconnaître le grand soin que Dieu a eu de cette race. .." .
CALENDRIER BERBÈRE
« An », est un mot d'origine latine (annus), qui définit une période de révolution planétaire permanente. Elle s'étale du 1er janvier au 31 décembre. Ainsi, pour faciliter la lecture de l'année, un élément de soutient a été crée sous l'appellation du mot « calendrier » dans lequel on retrouve schématisées les périodes, en guise de tableau qui compose l'an.
Seulement, à chaque calendrier, existe une répartition propre, toutefois, dans l'immense majorité des calendriers, on retrouve un élément commun qui est le nombre de jours composant la semaine. Sinon l'échelonnement de périodes est une chronologie bien précise à un calendrier bien précis, dépendant de l'espace et de référence.
Dans cet aspect la division du temps est diversifié, parmi tant d'autres divisions schématisées en tableau. Nous aborderons dans cet exposé le calendrier lunaire appelé aussi le calendrier hégirien ; le calendrier luni-solaire, appuyé par un 3e mois pour coïncider les saisons. Les calendriers solaires qui sont fondés sur la révolution de la terre autour du soleil. Dans le calendrier solaire, nous citerons le calendrier julien institué sous le règne de jules césars, ensuite vers 1582, il y'a eu la naissance du calendrier grégorien, établi par le pape Grégoire XIII avec certaines améliorations. Ce calendrier grégorien, est le calendrier que la majorité des peuples contemporains suivent.
L'histoire d'un peuple ne se limite pas uniquement à son histoire évènementielle car chaque civilisation a, parmi ces composantes, des facteurs d'ordre économique.
En Numidie, l'activité du sédentaire rurale est orientée vers l'agriculture, mis à part certaines tribus dont l'activité essentielle est la bijouterie, la poterie ou l'activité maritime.
Cette activité agricole, cyclique en rapport surtout avec les éléments qui la composent et le rythme des saisons et des jours était restée, dans certaines régions, réglé par le calendrier agricole.
De ce fait, nous tirons une conclusion que l'activité du fellah relève plus du rite que du technique.
A ce sujet, J. Servier écrit :
« En Algérie. Le calendrier est fixé par le fellah à l'aide des repères qu'ils discernent facilement. » Donc le calendrier est basé sur la variation de la végétation.
J. Servier continue : « un autre calendrier, issu des traditions astronomiques est savantes mis à la disposition des autochtones, à l'aide des dictons et des aphorismes, immuables même lorsque les révolutions stellaires sur lesquelles ils s'appuient ont varié.
» A une période précise que nous situerons à l'envahissement de la Numidie par les Arabes, les associations des lunes de ces anciens calendriers ont disparu au profit des associations des mois du calendrier agricole arabe.
Donc, vu le lien très étroit subsistant entre le travail agricole et les autochtones, ces derniers ont trouvé un moyen idéal dans le calendrier arabe, et cela à partir du XIVe siècle.
Donc les appellations données aux période sont devenues usuelles (nissan, smayem.) au dépens des anciennes appellations, mises à l'écart (furar, meghres).
En ce qui concerne les noms donnés aux mois, mis à part le nom janvier, appelé en tamazight yennayer - qui est une composition des deux mots « yan-ayour ».Yan, qui veut dire (un ou premier) et ayour (lune).
Les autres appellations de mois sont des emprunts à d'autres langues
Pour mieux argumenter cette translation de calendrier, chez les Amazighes nous parlerons de coincidence de dates.
Jusqu'au VIe siècle, certaines régions amazighes, si ce n'est l'immense majorité, se référaient au calendrier julien, à l'envahissement de la Numidie par les Arabes au siècle sus cité, la rupture s'est annoncée.
Le calendrier agricole arabe s'est imprégné la place de vecteur aux dépens du calendrier julien.
Durant cette période le calendrier julien en l'occurrence a subit des changements, ainsi il céda la place au calendrier grégorien, cela se passa exactement en 1582.
Parmi les rénovations admises, le calendrier grégorien a possédé 13 jours en plus que le calendrier julien.
Ainsi la synchronisation évènementielle entre le changement subit par le calendrier solaire en 1582 et l'invasion de la Numidie par les Arabes au VIe siècle, explique la différence des 13 jours entre le jours de l'an fêté par certaines populations ayant comme références le calendrier grégorien et d'autres populations, telles les Amazighs qui ont gardés le tableau chronologique du calendrier julien, qui a, comme on l'a cité, amputé de 13 jours.
LES RITES
Dans toute communauté instituée, des règles s'imprègnent en organisation, pour célébrer un événement. Les rites célébrés à l'occasion de l'avènement du premier Jour de l'An ont acquis une grande importance.
La célébration du premier Jour de l'An « Amenzu Yennayer », en région berbère, obtint une notoriété au point où elle est qualifiée comme étant une solennité communautaire, tel Achoura.
Chez les berbères, la célébration du Jour de l'An est marquée par deux rites : sacrifice propitiatoire et le souper de l'année « Imensi useggas ». Cette tradition s'annonce comme objet à orienter une force occulte vers une action bien déterminée.
A ce sujet, H. Genevois, dans son exposé Valeur et sang , écrit : « Soit pour l'acquisition ou la confession d'une chose de particulière que l'on entreprît pour inaugurer un travail que l'on entreprend, soit pour une nouvelle étape de sa vie.
L'ORIGINE DE YENNAYER
A l’origine, le choix du 12 janvier pour fêter Yennayer remonte à 1968, année où l’Académie berbère a proposé de créer une «ère berbère» en fixant comme «an zéro» du calendrier berbère les premières manifestations connues de la civilisation berbère, au temps de l’Egypte ancienne, lorsque le roi numide Chechnaq 1er (Cacnaq), fondateur de la 22e dynastie égyptienne, prit le trône et devint pharaon en Egypte.
Les régions fêtent ce jour en organisant des repas festifs différents les uns des autres mais ayant le même objectif : démarrer l’année avec l’idée qu’elle sera «féconde» et porteuse de bons augures. D’ailleurs, dans toutes les régions où il est célèbré, yennayer correspond aux activités agraires et aux cycles des saisons.
Cette répartition du temps est encore d’actualité.
La célébration de Yennayer, le nouvel an amazigh, est commune aux peuples d’Afrique du Nord. C’est une fête culturelle qui donne lieu à des réjouissances familiales et au partage de repas traditionnels copieux. Elle est l’occasion pour les populations berbères du Maghreb de vivre leur attachement à l’authenticité du patrimoine ancestral. Le premier jour de Yennayer symbolise le présage d’une année agraire féconde. C’est en effet, le jour de l’an du calendrier agraire utilisé depuis l’antiquité par les Berbères à travers la Numidie. Il correspond au premier jour de janvier du calendrier julien, qui est décalé aujourd’hui de 13 jours par rapport au calendrier grégorien, soit le 14 janvier de chaque année. L’opinion veut que la date traditionnelle soit le 12 janvier.
yennayer dans les regions d'Algerie
A Béjaïa, la nourriture prise ce jour-là est bouillie, cuite à la vapeur ou levée. Les aliments augmentant de volume à la cuisson sont de bon augure. La récolte présagée sera bonne. On consomme ce jour-là différentes sortes de couscous, de crêpes (beghrir), de bouillies…
Les desserts servis sont, également les fruits secs (figues sèches, abricots secs, noix, etc.), de la récolte passée, amassés dans de grandes et grosses cruches en terre pourvues d’un nombril servant à retirer le contenu (ikufan). Mais pour certains, le premier jour de Yennayer ne s’arrête pas aux repas traditionnels, il est surtout une occasion de réunir les membres de la famille. «C’est un moment de partage qui me permet de voir toute la famille, d’une part, et de recadrer son appartenance, d’une autre part», estime un père de famille, originaire de Beni Yeni.
Rituels et croyances
Le mois de Yennayer est marqué par le retour sur terre des morts porteurs de la force de fécondité. Durant la fête, les femmes kabyles ne doivent pas porter de ceinture, symbole de fécondité. Jadis, en période du mois de Yennayer, les enfants se déguisaient. Chacun confectionnait son propre masque et parcourai les ruelles du village. Passant de maison en maison, ces enfants quémandaient des «s’fendj» (beignets) ou «lemsemmen», des feuilletés de semoule cuits que les gens sont tenus d’offrir. Par ce geste d’offrande, le Berbère tisse, avec les forces invisibles, un contrat d’alliance qui place la nouvelle année sous d’heureux auspices. Maintenant que vous le savez, démarrez une année porteuse de bons augures… Assegas Amegass.
Ensuite sont venue se greffer plusieurs appélation ( a consonance arabe dialectale) : Ras el Ham , Lahdjouze ; qui se dernier vient d'une légende de style hallowen .
Nous parlons d'un calendrier agraire qui se subdivise en périodes marquantes avec des indications et des rites précis pour chaque période ( ce qu'il faut planter ou pas, ce qu'il convient de faire ou pas et le menu qui va avec chaque période). Yennayer qui comme son nom l'indique est le premier jour de l'an, chaque période porte un nom bien précis, dont Timgharin* (désigné ici comme étant La3djouza)
Mythe et légende
Selon le mythe berbère, les histoires légendaires au sujet d’une vieille femme sont contées différemment.
Chaque contrée, ou chaque localité a sa version.
L’on raconte dans certaines régions, comme Ath Yenni, que la vieille femme fut emportée en barattant du lait.
Chez les Ath Fliq, Yennayer emprunta seulement un jour et déclencha un grand orage qui transforma la vieille en statue de pierre tout en emportant sa chèvre.
Ce jour particulier qui marque le début de Yennayer appelé l’emprunt (amerdil) est célébré chaque année par un dîner de crêpes.
Le dîner de l’emprunt (imensi umerdil) est destiné à éloigner les forces mauvaises.
A Azazga et à Béjaïa, la période de la vieille (timgharin) dure sept jours.
Le mythe de la vieille exerçait une si grande frayeur sur le paysan berbère au point que celui-ci est contraint de ne pas faire sortir ses animaux durant tout le mois de yennayer. Le pragmatisme a fait que les jours maléfiques furent adaptés en Kabylie à l’organisation hebdomadaire des marchés dans les villages.
L'HISTOIRE DES BERBÈRES EN VIDÉOS
VIDEO 01
Extrait de "Babor ghrak", pièce de théâtre de Slimane BENAISSA.
Le texte est lumineux de vérité, écrit dans l'esprit post octobre 1988, à une époque où soufflait encore un vent de liberté et où le rêve d'une Algérie meilleure était possible.
vidéo 02
Une Égyptienne formidable! Donne une leçon d'histoire sur les Berbères aux Ignorants ...
Ajoutée le 25 oct. 2013
La terre de l'Afrique du nord est une terre avant tout Amazigh. c'est le droit le plus absolu des Amazigh de refuser toute forme d'identité autre que la leur qui leur est propre.La notion du Maghreb arabe est une appellation raciste qui exclut de facto les Amazighs. la notion de l'Union Maghrebine est nettement plus appropriée.l'Union entre arabes et berbères ne peut se faire par l'exclusion des Berbères mais seulement par le respect mutuel.
VIDÉO 03
Histoire des Berbères
VIDÉO 04
Tipaza - Vestiges Puniques et Berbères
Reportage sur Cherchell , cette ancienne ville berbère algérienne qui a traversé les âges.
Sur cette bas de page nous allons inclure les commentaires ayant eu lieu sur la page
du groupe Facebook au titre :
Les Trois Horloges
Le lien d'Amitié des deux rives
https://www.facebook.com/groups/307971236148/?ref=bookmarks
Voici un donc les copié-Coller des commentaires :
Sur les deux dernières vidéo N° 01 et N°02
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Sarah Sara : Je veux mentionner 1000 j'aime !!!! Cette vidéo veut tout dire....... Bravo pour l'acteur !!! Mais le problème c'est que NOUS savons toutes ces choses pourtant nous ne trouvons rien a faire !! Tout ce que nous pouvons dire c'est que l'Algérie est une mosaïque de civilisations et de cultures depuis très longtemps et que nous sommes fiers de cela mais malheureusement ......!!!!! Je te remercie pour ce précieux partage , je vais le revoir a nouveau!!! j'apprécie !!!
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Nano Mht : C'est la deuxième fois que je met en ligne cette vidéo. Jusqu’à ce jour rare sont ceux qui se sont arrêter pour la commenter.Je comprend celles et ceux qui ne comprennent pas la langue (et pourtant celle ci est dialectale). Comment encore à l'ère de la technologie de pointe, on essaie de caché ce Soleil qui éclaire nos racines de notre civilisations. Et alors c'est vrai que notre Pays est une mosaïques de brassages de civilisations.Mais pourquoi vouloir nous imposer celles qui n'est pas la notre.La France l'avais fait dans les écoles communales ou ouvrant nos cahiers ils était écrits " Que nos ancêtres était des Gaulois".... Nous savons maintenant que nos ancêtres était des Amazighs. Merci de ton passage Sarah.
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Olga Andre : C'EST TRES POIGNANT., SUCH SUFFERING. IL FAUT PEUT-ETRE VIVRE DANS LE PRESENT SINON IL SERA MISERABLE LE REST DE SA VIE ET AUSSI SES ENFANTS ET LEURS ENFANTS. BIEN SURE ?AU LIEU DE MAUDIRE POURQUOI PAS PARDONER?? C'EST UN GRAND HOMME OU GRANDE FEMME QUI PEUT PARDONNER. JE NE DIS PAS D'OUBLIER... .
21/03/2014
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