Au delà de la Rive

Au delà de la Rive

LA PERIODE OTTOMAN EN ALGERIE

LES TURCS EN ALGERIE 

 

 

 

 

 Les Turcs s'établirent à Alger dans le 16e siècle; voici à quelle occasion : lorsque le vaste empire des Califes commença à se désorganiser, l'Espagne et l'Afrique s'en séparèrent successivement.

Dans cette dernière contrée, la domination arabe se fractionnant encore, deux nouveaux empires se formèrent l'un à Fez et l'autre en Égypte, laissant entre eux un vaste espace où surgirent de petits États indépendants.

C'est ainsi que dans un vieil édifice, une poutre rongée par le temps venant à se briser, les deux extrémités restent scellées dans le mur, et le milieu tombe en éclats. 

            Alger forma un de ces petits États, où il parait que quelques princes sages firent fleurir l'industrie et l'agriculture, en ouvrant un asile aux Musulmans que les conquêtes des Chrétiens chassaient d'Espagne.

Mais après l'entière destruction de la puissance Arabe en Espagne, les espagnols poursuivirent jusqu'en Afrique les restes de leurs anciens conquérants.  

           Ils s'emparèrent d'Oran, de Bougie et d'autres places, et vinrent s'établir sur un rocher situé en mer en face d'Alger.

L'Émir de cette ville, fatigué de cet importun voisinage, appela à son secours le fameux renégat Harouj Barberousse.

Mais un allié trop puissant est souvent pire qu'un ennemi déclaré ; l'Émir mourut empoisonné, et Barberousse s'empara du pouvoir.

Après sa mort, son frère Khair-Eddin fut nommé Pacha d'Alger par la Porte Ottomane, et ce pays fi t dès lors partie du vaste empire des Turcs ; mais Khair-Eddin, quoique satrape du Sultan de Constantinople, fut de fait le fondateur d'un État qui ne tarda pas à devenir indépendant.

Cet État était une république militaire, dont le chef était électif, et dont les membres devaient être Turcs.

Les Indigènes étaient sujets ou alliés, selon le plus ou le moins d'action que les Turcs avaient sur eux ; mais ils ne pouvaient exercer aucune fonction politique en dehors de la race à laquelle ils appartenaient.

Les fils de Turcs ou Kourouglis étaient considérés, à cet égard, comme Indigènes, et ne pouvaient, en conséquence, prétendre à aucun emploi gouvernemental.

La république, qui n'était qu'un corps de troupe, se perpétuait par le recrutement qui se faisait à Constantinople, et surtout à Smyrne.

Tout individu Turc transporté de cette manière à Alger devenait membre de l'État, et pouvait parvenir à la position la plus élevée.

La milice turque était divisée en compagnies ou odas commandées par des officiers supérieurs appelés boulcabachys, ayant sous leurs ordres un certain nombre d'officiers subalternes.

Les règles de l'avancement étaient établies de manière à assurer les droits de l'ancienneté, sans nuire à ceux du mérite.

Les membres de la milice recevaient par jour deux livres de pain, et une modique solde qui variait selon l'ancienneté, mais dont le maximum ne dépassait pas 30 c. par jour.

C'étaient là de faibles moyens d'existence ; mais comme ils pouvaient disposer de leur temps et de leurs actions, lorsqu'ils n'étaient pas de service, il leur était facile de s'en créer d'autres en se livrant à divers genres d'industrie.

Les jeunes Turcs étaient casernés et soumis à une discipline très sévère.

Ils ne sortaient que le jeudi, sous la surveillance d'un officier; mais après cette espèce de noviciat, rien n'était moins assujettissant que les règlements de la milice turque.

Un membre de cette milice pouvait vivre tranquillement au sein de sa famille, se livrer au commerce, ou occuper quelque emploi civil, sans que les exigences de la discipline s'y opposassent.

On ne lui demandait autre chose que d'être toujours prêt à marcher lorsqu'il en recevait l'ordre.

L'administration avait beaucoup de condescendance pour les soldats mariés : on les laissait, autant que possible, dans les mêmes garnisons, s'ils le désiraient; et l'on cherchait en tout à améliorer leur position.

Beaucoup de Turcs faisaient des fortunes considérables, soit dans les emplois publics, soit par leur industrie, soit par des mariages avec de riches héritières indigènes.

 

 

Barberousse

 

 

             L'obligation du service cessait à l'âge de cinquante ans.

Les Kourouglis étaient admis dans la milice; mais ils ne pouvaient parvenir aux grades levés.

Ils furent traités sur le même pied que les Turcs, jusqu'en 1630.

A cette époque une conspiration qu'ils firent pour expulser les Turcs du pays, et qui fut découverte, les fit exclure eux-mêmes de tous les emplois de quelque importance.

Ils furent dès lors soumis à une surveillance qui pesait assez durement sur eux ; cependant quelques Kourouglis sont parvenus, par exception, aux plus grands emplois.

Le Bey actuel de Constantine, nommé par le dernier Bey, est Kourougli.

Le Dey et les Beys avaient auprès d'eux des soldats tous Turcs qui formaient leur garde.

C'était ce qu'on appelait les janissaires.

Ils jouissaient de plusieurs avantages et d'une très grande considération.

Les forces militaires du gouvernement Algérien ne se bornaient pas à la milice turque; il existait dans les tribus Arabes qui lui étaient soumises un certain nombre de cavaliers toujours à sa disposition.

Il avait aussi établi sur plusieurs points des espèces de colonies militaires, composées d'aventuriers de toutes les races, dont il tirait un bon service.

Nous entrerons plus loin dans des détails assez curieux à ce sujet.

Telle était l'organisation militaire des Turcs.

Voici maintenant leur constitution politique.

La haute direction gouvernementale et le pouvoir législatif appartenaient à un conseil supérieur ou Divan, composé de soixante boulcabachys et des grands fonctionnaires.

Ce Divan nommait et déposait les Deys. La déposition d'un Dey était toujours suivie de sa mise à mort. 

Capitaine de Janissaires

 

             La nomination d'un nouveau Dey était annoncée par une ambassade à la Porte Ottomane, qui ne manquait jamais de la confirmer, en envoyant à l'élu du Divan un firman et un kaftan d'honneur.

Dans ces occasions, l'état Algérien faisait quelques présents au Sultan, qui les rendait ordinairement en armes et en munitions de guerre.

Le titre officiel du Dey était celui de Pacha ; le mot Dey est à peine connu à Alger : nous en ferons connaître ailleurs l'origine.

Le Dey ou Pacha avait le pouvoir exécutif dans toute sa plénitude ;

il l'exerçait au moyen de ses ministres qui étaient :

Le Khasnadj ou ministre des finances et de l'intérieur;

L'Agha ou ministre de la guerre ;

Le Krodja et kril ou ministre des domaines nationaux

L'Oukil el hardj ou ministre de la marine et des affaires étrangères ;

Le Makatadj ou chef des secrétaires ;

Le Beit el mal ou procureur aux successions ;

Le Cheikh et islam ou Muphty el hanephy, ministre du culte et de la justice.  

           L'administration de la justice criminelle n'appartenait qu'au Dey, qui l'exerçait ou par lui-même ou par ses ministres ;

les peines étaient la mort, la mutilation, les travaux publics, la bastonnade et l'amende.

La justice civile était administrée dans chaque grand centre d'administration par deux Cadis, l'un dit El hanephy pour les Turcs, et l'autre dit El maleki pour les Indigènes.

C'était au moyen de ces divers fonctionnaires que le Dey dirigeait les rouages de son gouvernement ; mais comme son action ne pouvait s'étendre directement sur les points éloignés, il avait établi dans les provinces des gouverneurs qui, sous le titre de Bey, y exerçaient la souveraineté en son nom.

Ces gouverneurs étaient obligés de venir tous les trois ans à Alger rendre compte de leur administration.

Les beyliks ou provinces étaient au nombre de trois, Constantine à l'est, Oran à l'ouest, et Titery au midi.

Nous en parlerons successivement, à mesure que notre narration nous y conduira.

L'arrondissement d'Alger était directement administré par le Dey et ses ministres.

Tel était le gouvernement turc d'Alger dans sa pureté constitutionnelle ; mais les formes en furent plus d'une fois altérées par la licence de la milice.

L'élection du Dey, au lieu d'être le résultat paisible d'une délibération du divan, n'était le plus souvent que le produit d'une émeute soldatesque.

La facilité avec laquelle elle s'établit dans le nord de l'Afrique, n'a rien qui doive étonner, si l'on se reporte à l'époque où elle prit naissance; c'était dans un temps où les malheurs des Maures d'Espagne avaient porté à son comble la haine du nom chrétien.

Les Turcs se présentèrent comme les vengeurs de l'Islamisme, ce qui, joint à la gloire dont brillait alors l'empire des Osmanlis, dut les faire accueillir plutôt comme des protecteurs que comme des maîtres incommodes.

Leurs premiers succès contre les Chrétiens, le système de piraterie qu'ils organisèrent avec autant d'audace que de bonheur, justifièrent la bonne opinion que les arabo-berbères avaient conçue d'eux, et leur domination s'établit sur la double base de la reconnaissance et de l'estime.

La dignité de leurs manières, la régularité de leur conduite, imprimèrent à tous les esprits un si profond sentiment de leur supériorité, que chacun les considérait comme nés pour commander.   

           Aussi, avec sept ou huit mille hommes répandus sur plusieurs points, contenaient-ils dans le devoir de vastes contrées que nous aurions peut-être de la peine à parcourir avec un nombre double de troupes.  

            Lorsque, dans un des livres suivants, nous étudierons leur politique envers les Arabes, nous verrons qu'elle était très habile pour le maintien de leur autorité, mais déplorable pour la prospérité du pays qu'elle tendait sans cesse à étouffer.

Il en sera toujours de même de celle d'un peuple conquérant qui ne cherchera pas à se mêler complètement au peuple conquis.

Nous avons vu qu'à Alger, cet esprit d'isolement, qui est dans le caractère des Turcs, était poussé si loin, qu'ils regardaient leurs propres enfants comme étrangers, parce qu'ils naissaient de mères arabo-berbères.

Au reste, ils avaient su ménager à toutes les ambitions un peu actives un débouché qui, tout en les éloignant des hautes fonctions politiques, pouvait, jusqu'à un certain point, les satisfaire, car il était en même temps le chemin de la fortune;

je veux parler de ces bâtiments armés en course, qui furent pendant si longtemps la terreur de la Chrétienté, et au commandement desquels chacun pouvait prétendre selon sa valeur, son habileté, et la confiance qu'il inspirait aux armateurs.

La marine offrait à tous les indigènes, sans exception, des chances d'avancement que leur refusait la milice. Raïs-Hamida, qui commandait la flotte algérienne en 1815, était kabaïle.

Collectif des Guelmois GUELMA FRANCE

 

VIDEO N° 1

 

 


 

 

 

 

 

 

Le dernier roi d’Alger

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Les hôtes de l’ancienne Sublime Porte ne se sont jamais bousculés au portillon, s’avisant d’arborer vis-à-vis d’Alger une tiédeur rare.

Comparativement aux Français qui avaient occupé l’Algérie pendant 130 années, les Turcs, eux, qui y sont demeurés encore plus longtemps soit quelques 314 années, n’ont pas tenté de faire la redécouverte du pays.

Quelle en est l’explication ?  L’histoire du coup de l’éventail vaut-elle plus que celle de l’appel au secours à Barberousse ?

Certainement les symboles ont vocation de délivrer le message qu’ils veulent signifier.

A ce niveau d’analyse on peut mesurer assez la dissemblance entre les deux situations.

Là, c’est un agresseur qui s’invite à l’agression et ici, c’est un agresseur qu’on invite chez soi. 

Mais on se surprend à penser que tout de même la population turque contrairement à la française n’a pas gardé d’attache avec le sol national.

Tiens, tiens ! Mais où sont passés ces Turcs, ou plutôt ces Kourdoughlis, issus de mariages mixtes entre Algériennes et Turcs et qui à un moment donné formaient une importante partie de la population d’Alger ?

On sait que dès le débarquement de Sidi Ferruch, une forte proportion d’entre eux et même parmi la population algérienne qui servait les Turcs a fui le pays pour regagner Istanbul.

Je n’ai jamais eu vent de ces Kourdoughlis « Pieds-noirs » turcs qui reviennent en Algérie.

On n’a pas croisé dans nos aéroports d’émigrés algériens de Turquie.

C’est fou comme le temps peut gommer d’un trait trois siècles de présence.

Je n’ai jamais entendu parler ne serait-ce que d’un seul turcophone dans un pays qui compte des dizaines de milliers de francophones !

Et dire que le turc fut la langue officielle de la régence d’Alger.

L’éclipse turque est vraiment surprenante.

Et il faut attendre le mouvement national pour voir réapparaître dans le ciel d’Alger le croissant qui jadis l’avait illuminé.

Même si celui-ci revient sous une forme laïcisée avec Kemal Atatürk, il avait incarné tout de même l’espoir pour la population algérienne colonisée. La jeunesse turque avait inspiré en son temps le mouvement des Jeunes Algériens qui avait préparé le lit du nationalisme séparatiste. 

Cela étant dit, il nous faut revenir à Erdogan.

Je me souviens qu’il s’était rendu à la Casbah où il a dû visiter tour à tour quelques vestiges de l’ancien Odjak : la mosquée Ketchaoua, le palais du Dey Hussein et le palais de Mustapha Pacha.

Il était accompagné de M. Abdelhamid Temmar, ministre de l’Industrie et de Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture.

A vrai dire, j’ai été frappé par quelque chose d’assez singulier.

Je m’aperçois que Khalida Toumi porte le nom du dernier roi d’Alger, Salim Toumi, le maître de Djazaïr Bani Mezghenna.

Nous voulons dire le dernier roi qui soit autochtone de ce pays. 

Qu’importe que ce souverain fût roi, prince, cheikh ou maître de la cité.

Ce qui est sûr, c’est qu’à l’époque l’Afrique du Nord était entrée dans une phase d’effritement généralisé.

Les royaumes souvent recoupaient des réalités lilliputiennes.

A l’ouest, le royaume zyanide de Tlemcen, déjà affaibli par les coups de boutoir que ne cessaient de lui asséner les Mérinides de Fès, est sérieusement ébranlé après qu’Oran eut été prise par les Espagnols.

A l’est dans le Constantinois, un dissident constitue sur les décombres du royaume Hafcide de Tunis son fief qui s’étend jusqu’aux villes de Bône et de Collo.

Au centre, Alger dirigé par Salim Toumi s’était constitué en principauté marchande que défendaient les taâliba, tribus installées dans la Mitidja.

A Tènès Moulay Abdellah s’était proclamé roi tout en reconnaissant la souveraineté de l’Espagne.

En Kabylie, alors que Bejaia était tombée entre les mains des Espagnols, la famille des Aït El Kadi et des Mokrani fondent respectivement la dynastie de Koukou et des Beni Abbas.

Au sud les Ben Djellab de Touggourt règnent sur les oasis de l’Oued Righ.

On est aux environs de 1516.

C’est un moment charnière.

Quelques années plutôt, en 1492, les Espagnols avaient achevé de reconquérir la péninsule ibérique.

Entre-temps, la découverte de l’Amérique a eu pour conséquence de ruiner la route de l’or qui avait jusque-là permis aux cités du Maghreb d’entretenir le commerce avec le Soudan ou « Pays des Noirs ».

La chute d’Oran et de Bejaia contraint Salim Toumi à conclure avec Ferdinand le catholique un traité par lequel il reconnaissait sa souveraineté.

Les retombées de cet accord qui déplut à de nombreux Algérois sont désastreuses.

Les Espagnols érigent sur l’un des îlots faisant face à la ville une forteresse, le Pegnon, d’où ils peuvent contrôler le mouvement des bateaux algérois.

Perçu comme une « épine plantée dans le dos de Djazaïr », le Pegnon désormais est en passe d’asphyxier la vie économique de la cité algéroise.

C’est dans ce contexte marqué par une insécurité totale que Salim Toumi va concevoir l’idée de faire appel aux frères Barberousse pour l’aider à se débarrasser des Espagnols. 

S’ouvre alors une des plus obscures pages de la régence d’Alger.

Car c’est d’un meurtre dont elle va retentir.

La majeure proportion des histoires de rois fortunés de par le monde porte certes le sceau d’assassinats fabuleux, c’est pourquoi d’aucuns peuvent être tentés de ramener l’histoire du dernier souverain d’Alger à quelque chose qui friserait l’anecdotique.

L’histoire officielle est la première à s’autoriser de tels procédés.

On a déjà vu, avec la conquête musulmane de l’Afrique du Nord, comment l’historiographie officielle passera sous silence la mise à mort par la Kahina du chef arabe Okba Ibn Nafé.

Salim Toumi après avoir réservé un accueil triomphal à Aroudj Barberousse, corsaire dont la notoriété en Méditerranée était solidement établie, sera exécuté quelque temps après par ce dernier.

C’est ainsi que celui qui n’avait pour mission que de venir porter secours aux Bani Mezghenna devient roi d’Alger. 

On connaît l’histoire qui, peut-être, n’est qu’une légende, laquelle s’était brodée autour de cette prise de pouvoir qui allait sur de longs siècles consacrer le règne des janissaires.

La légende a alimenté l’imagination des romanciers car le meurtre de Salim Toumi se double - quand bien même il n’a pas eu lieu -, d’un viol fourbe sur l’épouse de la victime : Zaphira. Aroudj pour ainsi dire voulait tout : le trône et la femme.

Son premier rêve fut exaucé, mais pas le second.

En se donnant la mort, Zaphira témoigne sa fidélité à son mari et du coup l’établit comme le dernier roi d’Alger.

C’est un moment fort, fait d’une halte qui souligne des principes et des positions.

L’histoire officielle ne considère pas l’établissement ottoman en Algérie comme une occupation.

Elle s’inscrit ainsi en porte-à-faux avec l’histoire occidentale qui assimile le pouvoir turc à un pouvoir étranger.

Si le constat ne manque pas de pertinence néanmoins les Occidentaux y ont puisé les arguments qui leur permettent de se considérer comme les légitimes héritiers des Turcs arguant que la terre nord-africaine est une terre de passage pour toutes catégories d’envahisseurs confondues.

D’ailleurs l’Espagnol Diego de Haëdo, auteur d’une « Histoire des rois d’Alger », fait débuter son récit par un chapitre sur Aroudj Barberousse dont il dressa un portrait peu amène.

Il le décrit comme « le premier des Turcs qui régnèrent sur le pays et la ville d’Alger dont il s’était emparé par violence et par trahison ». 

En prenant le contre-pied de l’histoire de Haëdo, l’histoire « algérienne » inverse les termes du débat.

Selon elle, Barberousse n’a ni agi en usant de violence ni trahi.

C’est pourquoi dans sa logique, Salim Toumi n’existe pas tout autant que son assassinat.

A propos, voici ce que dit le même auteur espagnol : Salim Toumi « en particulier, ne pouvait supporter le dédain d’Aroudj, ni l’arrogance avec laquelle celui-ci le traitait publiquement dans son propre palais.

Il se méfiait déjà de ce qu’il lui arriva quelques jours après ; car Barberousse, qui pensait nuit et jour à s’emparer de la ville, s’était enfin résolu, au mépris des lois de l’hospitalité, à tuer traîtreusement le cheikh de ses propres mains et à se faire reconnaître roi par force et à main armée.

Afin d’accomplir son dessein sans bruit et à l’insu de tous, il choisit l’heure du midi où Salim Toumi était entré dans son bain pour y faire ses ablutions en récitant la salat, prière de cette heure (…)

il entra dans le bain sans être vu, car il logeait, comme nous l’avons dit, dans le palais même.

Il y trouva le prince seul et nu, et à l’aide d’un Turc qu’il avait amené avec lui, il l’étrangla et le laissa étendu sur le sol ». 

Evidemment Barberousse a réussi à chasser les Espagnols du Pegnon avant de jeter les bases de la régence turque d’Alger.

Le fait n’a été rendu possible cependant que grâce à l’alliance contractée avec Istanbul.

Salim Toumi disparaît faute d’avoir eu le temps de consolider son Etat.

Du coup, l’histoire officielle ne lui réserve que peu de place et curieusement c’est le seul point sur lequel l’histoire européenne et l’histoire officielle semblent s’accorder.

Trois siècles plus tard, la Régence d’Alger s’écroule sous les assauts des troupes du Général de Bourmont presque dans les mêmes conditions qui ont vu la disparition du petit royaume de Salim Toumi.

Ce n’est que récemment que des historiens ont commencé à plancher plus sérieusement sur la situation ayant prévalu dans la région algéroise à la veille de l’arrivée des corsaires turcs.

Ainsi, il y apparaît de plus en plus que les tribus taâliba de la Mitidja dont est issu Salim Toumi sont à l’origine de l’émergence de la ville d’Alger, c’est sous leur règne qu’elle avait pu s’extraire du tiraillement qui l’avait inscrite longtemps dans un rapport de vassalité tantôt avec les pouvoirs de Fès, de Tunis et de Tlemcen. 

L’obstination dont l’histoire officielle a fait montre en remontant aussi loin que possible le temps pour aller exhumer des abysses du lointain passé les premiers rois nationaux, ne nous a pas fait entrevoir que les derniers peuvent s’avérer les plus intéressants.

A condition de ne pas se laisser prendre par des lectures orientées comme celles inspirées par l’idéologie nationaliste, il faut bien avoir de la sympathie pour cet anti-héros pris dans le tourbillon d’un pays en proie à la fragmentation politique, mais qui en dépit de tout était aimé par son peuple, vénéré par sa femme.

Salim Toumi était imprégné des valeurs de son époque, il était trop humain comme dirait Nietzsche, donc sincère, et avait cru tout aussi sincèrement pouvoir sauver son pays en s’attachant les services d’un homme, fût-il étranger.

 

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Par Larbi Graïne

Journaliste.

 

VIDEO N°2

 

 

 

 

 

 

 

 

AVERTISSEMENT : 

Je vous informe que n'étant pas historien moi même , je ne fait que retransmettre les Articles en précisant mes sources a savoir :

 

- Wikipédia

- https://books.google.fr/books?id=

guelma.piednoir.net/histoire/conqueteturcnov06.html
 
- Larbi Graine ( journaliste)

-Vidéos   N°1 de Henri Jean Pontoy

-Vidéos   N°2 de Aghrive 06



01/07/2012
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