Au delà de la Rive

Au delà de la Rive

L'EMIR ABDELKADER

 CONNAITRE LA VIE DE L'EMIR ABDELKADER

1- Naissance et jeunesse

L'Emir Abdelkader fut l'un des plus grands hommes d'état dans l'histoire de l'Algérie contemporaine. Il est le fondateur de l'Etat algérien moderne et le leader de sa résistance contre le colonialisme français entre 1832 et 1847. Il fut également l'un des plus grands hommes du soufisme, de la poésie et de la théologie et par dessus tout, il fut un apôtre de la paix et de la fraternité entre les différentes races et religions. Ce qui lui valut de nombreuses amitiés et l'admiration des plus grands hommes politiques dans le monde.
Abdelkader Mohieddine ibn Mustafa, connu sous le nom de l'Emir Abdelkader al Jazaïri naquit le vendredi 23 rajab de l'an 1222 hégirien /correspondant à l'année 1807 de l'ère chrétienne au village de El Guet'na, situé sur Oued el Hammam , à l'ouest de Mascara et grandit auprès de ses parents qui lui prodiguèrent soins et protection.

2- Les étapes

- La période de jeunesse  et de formation  (1807 à 1832) : où la première année correspond à celle de sa naissance et la seconde à celle où il prit la direction de la guerre sainte.
Il passa cette période à acquérir le savoir aussi bien dans son village natal El Guet'na où il apprit le Saint Coran qu'à Arzew et Oran où il fut l'élève de plusieurs chouyoukhs (théologiens) de la région et acquit, auprès d'eux, les principes des sciences théologiques, linguistiques, l'histoire et la poésie. Ses connaissances littéraires, théologiques et poétiques se sont affinées à un âge très précoce.
En 1823, son père le maria à Lalla Kheira, cousine germaine de l'Emir Abdelkader. Il accompagna son père aux Lieux Saints en passant par Tunis puis partit par mer vers Alexandrie et de là au Caire dont il visita les monuments historiques et fréquenta les savants et théologiens. Il conçut de l'admiration pour les réformes et réalisations accomplies sous le règne de Mohamed Ali Pacha, gouverneur d'Egypte. Il accomplit ensuite le pèlerinage à la Mecque et de là se rendit en Syrie pour acquérir le savoir auprès des chouyoukhs de la mosquée al Oumawiyyine.
De Damas, il se rendit à Baghdad où il visita les monuments historiques et fréquenta les savants. Il se rendit au mausolée du saint homme Abdelkader al Jilani, fondateur de la tariqa (confrérie) al Kadiria, pour revenir une seconde fois vers les Lieux Saints en passant par Damas pour y accomplir une nouvelle fois le pèlerinage.
Ensuite, il retourna en Algérie en compagnie de son père en passant par Le Caire, Barqa, Dana, Benghazi, Tripoli puis Kairouan, le Kef jusqu'à leur arrivée à El Guet'na dans la plaine de Ghriss dans l'ouest algérien.

- La Deuxième époque : 1831 –1847

C'est la période qui se distingue par rapport aux autres périodes dans la vie de l'Emir en raison des évènements importants et réalisations qui l'ont marquée et pour lesquels il avait mis en œuvre ses potentialités scientifiques et sa grande expérience politique et militaire. Malgré un contexte difficile, la résistance ne l'empêcha guère de jeter les bases et fondements de l'état moderne, en raison de la complémentarité qui existe entre les deux.
Après la chute d'Oran en 1831, le désordre qui régna et la dégradation de la situation ont conduit les chouyouks et ulémas de la région d'Oran à rechercher une personnalité à laquelle pourrait être confiée la direction de leurs affaires. Leur choix se porta sur Cheikh Mohieddine, père de Abdelkader en raison de ses qualités avérées de courage et de témérité. C'est lui en effet lui qui avait dirigé la première résistance contre les français en 1831, et son fils Abdelkader a également fait preuve de courage et d'audace au cours des combats livrés sur les remparts de la ville d'Oran lors du premier accrochage avec les occupants.
Cheikh Mohieddine déclina l'offre en raison de son âge avancé et devant l'insistance des chouyoukhs et savants de la région, proposa son fils Abdelkader en disant : « Mon fils Abdelkader est un jeune homme pieux, intelligent, capable de régler les litiges et un cavalier émérite bien qu'ayant grandi dans le culte et la dévotion à son Seigneur ; Ne pensez surtout pas que je vous le propose pour me remplacer car étant une partie de moi-même, je ne peux souhaiter pour lui ce que je rejette pour moi-même. Mais j'ai choisi le moindre mal lorsque j'ai réalisé à quel point vous aviez raison , tout en étant convaincu qu'il sera plus indiqué que moi pour accomplir ce que vous m'aviez demandé …je vous fais donc don de lui….. » . Cette proposition fut accueillie favorablement à l'unanimité et le 27 novembre 1832, les chefs de tribus et les ulémas se réunirent dans la plaine de Ghriss, près de Mascara pour exprimer leur premier plébiscite à Abdelkader sous l'arbre de Dardara au cours duquel il reçut le titre de Nacer eddine (le protecteur de la religion), suivi d'un deuxième plébiscite général le 4 février 1833.

Dans de telles conditions, l'Emir prit en charge la lourde responsabilité de la guerre sainte, de défense de la population et de la terre d'Islam alors qu'il était en pleine jeunesse.
Cette période fut marquée par des victoires militaires et politiques qui contraignirent l'ennemi français à hésiter dans l'application de sa politique expansionniste devant la résistance acharnée qu'il rencontra à l'Ouest, au Centre et à l'Est.
L'Emir Abdelkader avait réalisé dès le départ que la confrontation ne pouvait avoir lieu qu'avec la création d'une armée institutionnelle régulière prise en charge par l'Etat. A cet effet, il publia un communiqué en son nom à la population dans lequel il insistait sur la nécessité de mobiliser les troupes et organiser les effectifs dans tout le pays. Les tribus de la région Ouest et du Centre répondirent à son appel et se rassemblèrent autour de lui prêts à lui obéir. Il constitua une armée institutionnelle qui s'adapta rapidement aux conditions qui prévalaient et put ainsi remporter plusieurs victoires militaires dont la plus importante fut la bataille de Maktâa qui avait valu au Général Trezel et au gouverneur général D'Orléans d'être relevés de leurs fonctions.
Sur le plan politique, il arracha à l'ennemi la reconnaissance de son autorité et l'obligea à traiter avec lui en position de souveraineté. Cela ressort des deux traités celui de Desmichels conclu le 26 février 1834 et celui de la Tafna le 30 mai 1837.
Toutefois, le changement intervenu dans le rapport de forces sur les plans interne et régional a eu des conséquences négatives sur le cours de la résistance de l'Emir. Il n'était pas seulement contraint de lutter contre les Français mais de se préoccuper également de ceux qui avaient une vision à court terme. Les drames se succédèrent notamment après que les Français eurent adopté la politique de la terre brûlée telle qu'elle ressort de l'expression du Gouverneur général
le Maréchal Bugeaud : « Vous ne labourerez pas la terre et si vous la labourez, vous ne sèmerez pas et si vous semez, vous ne récolterez pas …»

Cette politique eut un effet notable sur le recul des forces de l'Emir notamment après la perte de ses bases arrières au Maroc, après que Moulay Abderrahmane, sultan du Maroc eut resserré l'étau autour de lui, prétextant son engagement à respecter les termes du traité de « Lalla Maghnia » et ordonné à ses troupes de pourchasser l'Emir et ses partisans y compris les tribus qui s'étaient réfugiées au Maroc pour fuir la répression de l'armée d'occupation.


- La période des difficultés et du travail humanitaire (1848-1883)

Cette période débute avec la reddition de l'Emir et se prolonge jusqu'à son décès. Ainsi, sa reddition eut lieu le 23 décembre 1847 après acceptation de ses conditions par le commandant français Lamoricière. L'Emir fut transféré à Toulon alors qu'il avait exprimé le souhait de se rendre à Alexandrie ou Acca comme convenu avec les dirigeants français. Mais ses espoirs furent déçus et comme à leur habitude, les Français ne respectèrent pas leurs engagements.
Il aurait plutôt souhaité donc mourir au champ d'honneur que de subir ce sort et exprima ses regrets par ces mots : « Si nous avions su que les choses se dérouleraient ainsi, nous aurions poursuivi le combat jusqu'à la mort »
Ensuite, l'Emir et sa famille furent conduits à une résidence au lazaret et de là à « Fort Llamalgue » le 10 janvier 1848. Lorsque tous les membres de sa famille et de sa suite furent arrêtés, l'Emir fut transféré à la ville de Pau à la fin du mois d'avril de la même année pour y demeurer jusqu'à son transfert à Amboise le 16 octobre 1852, année de sa libération par Napoléon III.

L'Emir s'établit à Istambul et durant son séjour, il visita le tombeau de Abu Ayyoub al Ansari et visita la mosquée Aya Sofia (Sainte Sophie). Mais il préféra s'établir dans la ville de Borça pour son histoire, ses beaux sites et ses monuments historiques. Cependant il n'y resta pas très longtemps à cause des séismes qui secouaient la région de temps à autre.
Il se rendit à Damas en 1855 sur autorisation du sultan ottoman et là, il se consacra à la lecture, au soufisme, à la théologie, aux hadiths (Propos et tradition du prophète Mohammed (bssl) et à l'exégèse du Coran.
L'une des positions humanitaires à mettre à l'actif de l'Emir fut son opposition à la discorde sectaire qui eut lieu entre chrétiens et musulmans de Syrie en 1860. L'Emir devint une personnalité internationale, suscitant le respect et la considération en tous lieux et il fut même invité à l'inauguration du Canal de Suez en 1869.
Il mourut le 26 mai 1886 à Doumer, dans la banlieue de Damas à l'âge de 76 ans. Il fut enterré à proximité du tombeau de Cheikh Mohieddine ibn Arabi al Andaloussi . Sa dépouille fut transférée à Alger en 1966.

Parmi ses œuvres :

1/ Dhikra al 'akel wa tanbih al ghafel ( Rappel au sage et mise en garde de l'inconscient).
2/ Al miqradh al hadd li gat'i lisane mountakidh din al islam bil batel wal il'had (les tenailles acérées pour trancher la langue de celui qui porte atteinte à la religion islamique par le mensonge et l'athéisme)
3/ Moudhakirat al amir Abdelkader (Mémoires de l'Emir Abdelkader)
4/ Al mawakef fi al-tasawif wal wa'd wal irchad (Les positions en matière de soufisme, de sermon et d'orientation)

 

 

 

Je commence par un article publié dans le quotidien EL WATTAN

Le jumelage Mascara - El kader (IOWA) en panne depuis 1984

L'Emir Abdelkader vit toujours en Amérique

A l'occasion du 199e anniversaire de la naissance, en septembre 1807 à Guetna, Mascara, de l'Emir Abdelkader, Bensadat Benhouna, professeur d'histoire à l'Université d'Alger, a approché El Watan pour un double objectif : relater son voyage avec son épouse Noura en mai 2005 à El Kader, la ville américaine dans l'Etat de l'Iowa, jumelée à la ville de Mascara depuis 1984 et, second objectif, tenter de sensibiliser l'opinion et les pouvoirs publics sur les opportunités délaissées de dynamiser une coopération entre les deux parties algérienne et américaine.



 

« Lors de notre déplacement, nous avons tenu des conférences dans des lycées, des rencontres autour de l'Emir et de l'Algérie, et tout le monde était fasciné car ne connaissant pas très bien la figure d'Abdelkader », dit Benhouna qui a produit un intéressant carnet de bord de son voyage. « En 1846, alors que l'Emir Abdelkader combattait l'envahisseur français, depuis déjà 16 longues années, trois Américains, John Thompson, Timothy Davis, et Chester Sage décidèrent de nommer leur petit campement, El Kader, pour rendre hommage à la bravoure légendaire , à l'esprit chevaleresque, et à la grandeur d'âme de l'Emir Abdelkader. Dans la presse américaine du XIXe siècle, l'Emir Abdelkader représentait le mythe de ce noble chevalier arabe qui, l'épée à la main, repoussait l'envahisseur. Dans la conscience collective, l'Emir Abdelkader ne pouvait pas manquer de rappeler aux Américains du XIXe siècle les exploits de leurs ancêtres, les pères fondateurs de la nation américaine - « the founding fathers » - tels que George Washington qui avait combattu, quelques années seulement auparavant, l'empire britannique. De nombreux historiens se plaisent à comparer l'Emir Abdelkader à George Washington », rappelle Bensadat Benhouna qui regrette que le jumelage entre les deux villes, El Kader et Mascara, n'ait pas connu de prolongement sur le plan de la coopération culturelle notamment. Le couple Benhouna a rencontré, autour d'un couscous, Edward Olson, l'ancien maire d'El Kader qui, en 1984, avait signé la convention de jumelage d'El Kader et de Mascara, ainsi que l'actuel maire Bob Garms. « Ils étaient ravis de notre visite et des échanges possibles entre nos deux cultures », dit le professeur d'histoire algérien poursuivant que « la population d'El Kader est restée attachée à l'image d'une Algérie riche de par sa culture et son histoire ». D'ailleurs, rappelle-t-il, les citoyens d'El Kader ont contribué à créer un parc au nom du fils décédé de l'ancien ambassadeur d'Algérie à Washington et descendant de l'Emir, Driss El Djazaïri. Les citoyens d'El Kader City ont nommé leur cinéma El Kader, et l'un de leurs parcs municipaux, Mascara Park. Une aile du Carter House Museum, le musée de la ville, est consacrée à l'Emir et l'Algérie. On y aperçoit des livres intitulés Djazaïr, Vins d'Algérie, Mohamed Racim, quelques portraits de l'Emir, des bibelots, des drapeaux d'Algérie, et un tapis tissé à Tiaret, etc. Mais le document le plus symbolique que garde jalousement Bensadat Benhouna est un exposé d'un lycéen d'El Kader sur l'Emir, intitulé Le Cheikh, trouvé sur le Web et datant de 1915. « Telle est l'histoire de l'homme qui donna son nom à notre ville. Un érudit, un philosophe, un amoureux de la liberté, un champion de sa religion, un leader né, un grand soldat, un administrateur capable, un orateur persuasif, un adversaire chevaleresque, le choix a bien été fait, et avec ces pionniers d'il y a 70 ans, nous faisons bien d'honorer », concluait cet exposé d'éléve de terminale d'il y a presque un siècle, de l'autre côté de l'Atlantique.



 

Par Adlène Meddi

Extrait du Musée des Moudjahidines

 

 

L'EXPEDITION FRANCAISE DU PORT DE TOULON EN 1830

PLAQUE EXISTANTE ENCORE A TOULON

132 ans de présenceFrançaise....

A SUIVRE.....

 

 

 

 

Dictionnaire du Net
 



17/10/2008
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